Janvier


Ca faisait quasi un mois que t'étais là. Tu manques déjà. J'ai plus l'habitude. D'ouvrir la porte sur un appartement froid, vide, silencieux (et rangé). Allez, deux semaines... Deux semaines sans toi, deux semaines à digérer. Je sais pas quoi dire d'autre. Je suis vraiment K.O. Les nuits ont été courtes dernièrement, avec trois zigotos à la maison, et les fêtes. 

C'est juste long. T'es parti y a pas si longtemps. Et putain, ça me semble si loin déjà. Encore plus d'une semaine à t'attendre... Une longue semaine sans Toi. Je te voudrais juste près de moi. Je voudrais juste ton sourire quand j'arrive le soir. Juste la maison pleine de Toi. Juste le lit plein de Nous. Tu me manques.

Hier, c'était Notre jour, Notre Anniversaire. Quatre ans. Je n'en reviens pas de tout ce qu'on a vécu en quatre ans. Tout ce par quoi nous sommes passés. Qui aurait parié sur Nous, maintenant, comme ça? A S'Aimer plus que jamais... Rien ne saurait être plus beau qu'une vie avec Toi.


Février


J'suis tellement fatiguée. J'ai l'impression de ne vous dire que ça, mais en même temps, je n'ai pas grand chose d'autre à dire. Je suis toujours malade, ça fera bientôt deux mois que ça dure, cool... 

Elle est dans de tels états... Et elle le sait, et elle s'excuse à longueur de temps d'oser m'appeler comme ça, d'oser me raconter tout ça. Et moi j'ose pas, moi. J'ose pas lui dire qu'elle a raison, que je supporte plus, qu'elle est immonde de me faire ça, de me laisser savoir cette peine immense. J'ose pas en rajouter, je me tais, je lui dis que ce n'est rien... Rien... Putain de moi.

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa

aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah maiiiiis moooon dieuuuuuuuuuuuuu putaiiiiiiiiiiiiiiiin lache-moiiiiiiiiiiiiii, laisse moi tranquille, vivre ma vie, me soigner comme je veux, rien faire si je veux rien faire, aller à la pharmacie que je choisis, FERME-LA BORDEL. Sur un quart d'heure de conversation, c'est un miracle si tout ce que j'ai dit tient dans plus d'une minute! LAISSE MOI PARLER UN PEU, FERME TA GRANDE BOUCHE, ET ARRÊTE DE CROIRE QUE TU SAIS TOUT, ARRÊTE DE CROIRE QUE J'AI BESOIN DE TOI ET DE TES CONSEILS, ARRÊTE DE TE PENSER LEGITIME DANS TON RÔLE DE MERE. Je te supporte plus, tu me sors par tous les pores, je ne t'écoute même pas, tu me fais perdre mon temps, putain! Tu comprends?!?!

Il y avait un bel arc-en-ciel cet après-midi. Bien dessiné dans le ciel gris. Je l'ai vu tout en entier. Tout l'arc. On en voit souvent un bout, et il se perd rapidement dans les nuages, il s'efface. Là non. Il prenait tout le ciel. C'était sublime et moi j'avais quatre ans.

Je m'ennuie. C'est si long sans toi. Et c'est tellement injuste, les jours passent si vite lorsque tu es enfin là... On a le temps de rien, juste de S'Aimer un peu. Tu me manques et je suis vide de toi. Je veux que tu reviennes... On est si bien dans tes bras, il fait si chaud et c'est si doux. La solitude me fait mal.

A l'hôpital, "ça a été". C'était bizarre de me retrouver là-bas seule. J'avais aucune envie d'être avec qui que ce soit, certainement pas ma mère, et pas vraiment mon père. Mais c'était étrange. Plus de dix ans que je connais tous ces couloirs par coeur, les procédures, les positions à adopter pour les radios...


Mars


T'es pas là, tu me manques. Samedi prochain c'est loin, tellement loin... Puis y a toujours ça, bordel de merde. Quoique je fasse, c'est toujours là. Toujours! Ca revient toujours me bouffer au bout d'un moment, ça me ronge, ça me saute à la gorge quand je m'y attends le moins. Y a toujours ce fantôme qui me suit, cette ombre qui plane, son ombre à elle...

Je suis jamais l'amie. Je me contente d'être celle qu'on appelle quand on a le temps, quand on a plus que ça à foutre. Je suis celle qu'on appelle quand on a besoin, quand on pense à des photos. Je suis celle de qui on prend néanmoins des nouvelles régulièrement, histoire de m'avoir toujours à la bonne quand même. Je suis jamais celle à qui on propose une sortie, une soirée, un déjeuner. Je suis jamais celle qu'on a envie de voir par pur et simple plaisir. Je ne sais pas pourquoi, et ça me fait du mal. Parce que j'vais finir par crever de solitude un jour. Je suis une bonne personne. Je suis quelqu'un de bien, quelqu'un d'honnête et de loyal, de profondément gentil. Alors quoi? Il faut être une merde pour être aimée? 

Mon corps atteint ses limites je pense. Je suis tellement épuisée, putain. Sept mois sans repos. A bosser 5/7j, toute la journée, sans pouvoir faire quoi que ce soit d'autre. Sans jamais avoir le temps de vraiment me (re)poser. J'ai mal partout. J'avais encore pas perçu mon boulot comme une obligation. J'y allais, point, sans me poser de questions. Parfois avec envie, parfois parce que c'est comme ça. Maintenant que j'en chie autant, ça devient dur de me motiver les matins, de quitter mon lit, de repartir à 13h30. Et j'ai encore au moins deux mois à passer sans vacances. Je sais pas comment je vais tenir. Là, je sais vraiment pas. Et toi là, sale pute de solitude. Je te hais.

J'ai (encore?) rêvé que ma mère se suicidait. Je pensais que ça faisait longtemps mais en me réveillant, j'ai plutôt eu cette impression d' "encore"... Je me souviens de moins en moins de mes rêves, et du coup c'est peut-être tant mieux... C'était tellement violent, tellement douloureux. Si réaliste... D'habitude, je me contente de ne pas y croire, de nier. Cette fois-là, c'était comme une vérité. J'ai senti la brûlure monter, la morsure de l'angoisse, dans tout le corps... Puis la colère, le "pourquoi"... "On devait se voir demain.Putain, même au réveil, là, ça me fait mal. Je suppose que j'ai peur que tout s'arrête, d'une manière ou d'une autre. On passe enfin de bons moments, y a enfin quelque chose qui me parait réellement sain. Je peux pas perdre tout ça une seconde fois...

En rentrant ce soir, je me sentais bien seule, un peu triste. Je pensais à toi, maman, et j'avais cette envie de petite fille. Juste celle d'être dans tes bras, à moitié sur tes genoux. Et de pleurer toutes les larmes de mon corps, comme pour évacuer les souvenirs et pouvoir effectivement être de nouveau cette petite fille, ta petite fille.

Dans le bus, c'est quasiment quotidien, que j'croise et que je doive subir des gens complètement bourrés. Ils ne m'emmerdent jamais, là n'est pas la question. Mais putain de bordel... J'ai envie de leur casser les dents, de leur tabasser la gueule jusqu'à ce qu'ils crèvent par terre comme des merdes. Et je devrais les comprendre! Je devrais être bien placée pour être la plus tolérante possible! Mais non, non. C'est tout le contraire. Leurs regards complètement vides me mettent hors de moi. Leurs démarches me fait serrer les poings. Leurs odeurs, ces relents nauséabonds me donnent ces envies de violence. Peut-être parce que tout, chaque détail me renvoie à ces souvenirs. Peut-être parce que je n'aurais jamais pu, avec toi. Malgré la haine, la colère, la douleur, le désespoir. Je n'aurais possiblement et évidemment pas pu.

Je ne peux pas te dire combien d'fois... Combien de fois j'ai espéré trouver les volets ouverts, de la lumière dans le salon en rentrant le soir. Combien de fois j'ai espéré que tu sois là, venu en surprise. Combien de fois j'ai espéré que ce soit toi, cette personne qui ouvre la porte du magasin cinq minutes avant la fermeture. Tu me manques et tout mon être me le hurle. Demain, heureusement. Demain...


Avril


J'avais vraiment pensé, et espéré, pour samedi dernier. Que pour l'anniversaire de son roi, ce serait bon, qu'elle irait bien. Même pas... Elle était déjà totalement torchée quand on est arrivés. Elle a bu toute la soirée. Tranquillement. A un moment, j'ai planqué son verre derrière un vase, elle ne l'a même pas remarqué. Elle était tellement dans son monde, tellement noyée. J'ai très étonnement réussi à rester calme. J'ai beaucoup décompressé en racontant beaucoup de conneries. Bon, on a évidemment filé le plus tôt possible, hein. J'étais atterée. Vraiment triste et déçue. Même si elle ne l'a pas fait pour moi, j'avais vraiment espéré qu'elle fasse l'effort pour son fils. J'aurais aimé qu'il passe un meilleur anniversaire que moi...

J'avais rien dit, mais il y a une semaine, j'avais rempli en ligne une demande d'auto-entreprise pour la Photo. J'ai reçu le courrier de confirmation aujourd'hui, avec le numéro de siret et compagnie! J'suis à la fois toute excitée et complètement flippée. Je sais pas ce que ça va donner. Disons que je n'ai rien à perdre, en théorie. Mais niveau moral, j'en prendrais un putain de coup si ça ne marche pas du tout...

Pas grand chose à dire, ou pas vraiment les mots. Y a beaucoup de choses au final. Mais pas tellement de bonnes. J'ai peur et j'ai mal pour Nous. Parce que je ne sais pas, je ne sais plus grand chose. Je voudrais juste que tu reviennes...

Et la Maison est à mon image, ou celle que je me fais de moi : à l'abandon. J'ai pas le courage, pas l'envie de m'occuper de quoi que ce soit. J'ai pas le moral, j'ai pas le sourire. Est ce qu'on reverra le soleil bientôt? Pas celui du ciel, celui de nos vies...

Je suis de moins en moins certaine de rester jusqu'en octobre... Bien évidemment, c'est la paye qui me fait hésiter. 4 mois de paye en plus, j'ai pas tellement envie d'y cracher dessus. Mais est-ce que ça vaut l'état de mon dos? Ce qui s'est passé samedi m'a légèrement perturbée. Si j'ai tant besoin de vacances, c'est pas pour rien, c'est pas pour le "confort" ou par flemme. Je suis réellement épuisée et donc a priori bientôt au bout, physiquement. Je suis pas sûre de pouvoir enchainer encore 3 mois sans vacances. Et puis la réaction de mon con de boss aide pas. Après tout ce que j'ai fait pendant huit mois, à faire des concessions, à accepter des jours de repos qui sautent au dernier moment, à accepter de le remplacer lui ou Fred sans rechigner une seule seconde, à me priver de repos sans rien dire, à être aussi efficace que je le suis... Vraiment? Si je faisais tout ça dans un but, si ça avait du sens, si j'allais passer des années dans cette entreprise, tout ce paragraphe n'aurait pas lieu d'être. Mais c'est pas le cas. Dans tous les cas, dans 4 mois j'ai plus d'boulot. Alors à quoi bon?


Mai


J'ai plein de "résolutions" pour la suite. Je veux vraiment pouvoir aller régulièrement à la piscine. C'est le seul sport qui ne me rebute pas, moi qui aime tellement l'eau. Faut que je m'achète un maillot sympa, et un bonnet. Deux fois par semaine ce serait déjà pas mal pour commencer. On verra. J'vais pouvoir enfin, de nouveau, avoir des ongles dignes de ce nom aussi. Les pauvres, ils sont dans un état... Y en a pas un de la même taille, j'ai pas le temps ni l'envie de m'en occuper. Truc tout con, j'vais pouvoir remettre mon anneau dans le nez aussi. Et m'occuper vraiment de la Photo. Rendre mon site plus fonctionnel, sur les conseils du Chéri. Pouvoir dormir, vraiment dormir, juste parce que je pourrais. J'ai vraiment hâte que ce soit terminé. Même si ça a été une expérience géniale, que j'ai franchement aimé ce job, que c'était sans doute l'idéal quasi absolu de débuter vraiment dans le monde du travail comme ça.

J'ai envie d'écrire un peu, sans savoir quoi dire. Je ne sais même pas combien de fois j'ai écrit cette phrase ici, sérieux! J'ai mal au dos purée, je galère pour rester tranquillement assise ici devant l'ordi...M'enfin. J'vais bien en fait. J'pensais que non, enfin j'étais plus mitigée que ça. Mais ça va. Voilà. Putain, j'ai rien d'autre à dire.

J'espère passer la fin de semaine avec toi, cette fois. Tu me manques. C'est tellement long. Je ne sais plus quoi ajouter, comme si j'avais développé une certaine gêne à parler de ces sentiments. Pas une pudeur, mais, hm. J'ai du mal. Peut-être l'impression d'avoir déjà tout dit, peut-être l'impression qu'en en parlant pas, ça n'existe pas. Je n'en sais rien. Pourtant je ne sais plus me voiler la face. J'ai mal tout au fond, mal de toi. Et malgré mes faiblesses parfois, j'essaye de garder la tête haute, de ne pas trop en dire pour ne pas te faire culpabiliser.


Juin


A peine rentrée, après un interminable voyage de cinq heures, sympa les bouchons... J'ai bien fini mon mois de mai. Avec Toi. Tu sais, tu me manques déjà. Mais quand quelqu'un me manque comme ça, il suffit que j'y pense un peu plus fort que d'habitude. On est sous le même soleil et sous la même lune. Le soleil que tu regardes, c'est celui que je vois aussi. Alors on ne peut pas être si loin... 

J'ai regardé The Normal Heart hier soir. Quel casting pour un simple téléfilm (américain) ! A s'taper le cul par terre. Puis bon, j'ai pleuré ma mère, comme d'habitude. C'était une très belle histoire et un sujet qui m'intéresse "forcément". Le début du SIDA, ses ravages dans la communauté gay, le désintérêt total des autorités, et la lutte pour que quelqu'un s'en préoccupe enfin. Pas le même angle que Philadelphia ou de Dallas Buyers Club donc. J'aime voir un même sujet traité différemment. Comme la seconde guerre mondiale. Les camps, le front, la guerre, la mort, la suite, la bataille pour l'Art... La Vie est BelleLa RafleLe PianisteMonuments Men... Autant de films pour autant d'histoires servant l'Histoire.

Hier soir, je suis allée manger et dormir chez ma mère. On a également passé un bien bon moment, à parler, jusqu'à un appel pendant lequel elle a vidé une bouteille de rosé. Sans compter le pétillant descendu pendant le repas. Elle a acheté tout ça avec moi, devant moi, décomplexée. Et j'ai pas été foutue de lui dire quoi que ce soit. Je sais pas pourquoi. Je me sens un peu désespérée sans doute, et je sais trop que je ne sers à rien face à ça. Bref. J'ai quand même essayé de profiter. Elle s'est couchée tôt, et j'ai passé le reste de la soirée avec mon frère. On a parlé comme des grands (un miracle), puis on a fait les gosses, on a joué au mastermind en se racontant nos vies jusqu'à 1h30 du matin.

Persona non grata. De nouveau. Putain mais qu'est-ce qui cloche à ce point chez moi?! Et pourquoi ne me le dit-on pas directement, clairement? Je suis fatiguée. Fatiguée d'être loin de Toi, putain. Fatiguée d'être détestée sans raison valable. Fatiguée qu'on cherche à ce point le conflit pour des putains de broutilles. Fatiguée de voir les gens se prendre autant la tête pour rien. Fatiguée d'être prise pour la dernière des idiotes, qu'on s'invite chez moi tranquillement et qu'on me refuse deux jours avec mon Mec, bordel de merde. C'est notre seul moyen de nous voir, putain. C'est pas comme si j'habitais à deux pas. Qu'est-ce que je vous ai fait, à la fin?! Je suis tellement en colère. J'en ai rarement autant voulu à quelqu'un. Et je me sens si seule, bordel. Seule. J'ai personne. Personne à appeler. Personne à voir. Personne.

Tu viens, tu reviens, enfin! Je ne sais même pas quand est-ce que tu es venu pour la dernière fois... J'ai besoin de voir la Maison remplie de toi, tu me manques...


Juillet


Pas eu bien le temps de repasser là hier. Ma mère s'est incrustée et a mangé avec nous. Elle avait pris grand soin de s'amener une bouteille, mais quelle blague putain. C'est hallucinant. Je sais même pas quoi en dire, donc je vais passer à autre chose, c'est sans doute mieux...

J'ai fait un rêve très perturbant. J'étais à ma caisse à KJ, et une femme est passée. Cheveux blancs, négligés, oeil vitreux et qui disait sacrément merde à l'autre. C'était ma mère. J'sais pas quoi dire de plus. Ca traduit certainement mon grand optimisme la concernant...

Ce soir, on sera "tous" chez ma mère, pour fêter son anniversaire. Et j'ai pas envie, parce que je sais parfaitement ce qu'il se passera. Et ça me tord le bide parce que putain, sans cette merde, on pourrait passer des moments si parfaits ensemble, je pourrais l'aimer tellement...

Elle m'a envoyé par mail quelques photos de la soiree de vendredi. Je n'avais pas répondu à ses appels, je ne comptais pas répondre pendant un moment. Mais j'ai profité de ce mail pour lui expliquer quand même. Je n'ai pas eu de réponse pour l'instant et j'aime autant, elle peut etre tellement odieuse. Elle se serait fait un plaisir de me faire culpabiliser plus qur ce n'est déjà le cas... Je lui ai dit que je l'appellerai quand je me sentirai, donc je pense qu'elle va attendre...

Au final j'ai pas tenu bien longtemps. Mais j'ai besoin d'elle. Quoique j'en dise, putain. J'ai besoin d'elle. Et elle a beau me gaver une fois sur deux au téléphone, à m'appeler quasi tous les jours, elle me manque quand elle ne le fait pas. 

Cauchemar. C'est pas possible, dites moi que j'suis dans un mauvais film...

C’était pas un cauchemar... Je suis bien perdue, j'arrive pas à formuler les choses. J'ai encore l'impression que c'est pas réel, que c'est pas en train d'arriver, de m'arriver, de nous arriver. Ca tient à tellement peu de choses putain. On se croit toujours au dessus de ces merdes, jusqu'à ce que ca nous tombe sur le coin de la gueule... Il en faut peu pour que votre vie vous échappe, que la vie vous glisse entre les doigts...

J'ai peur, un peu. J'ai pas envie d'avaler des cachetons et voir se noyer dans la cuvette des chiottes ce qui aurait pu être un jour un bout de moi, de nous. Je veux pas VOIR ça, ou apprendre que ça n'a pas fonctionné, je veux juste qu'on me l'enlève, qu'on en finisse, que je puisse penser à autre chose, que je puisse ressentir à nouveau autre chose que ce sentiment indescriptible et cette tristesse. J'ai aucun mot pour exprimer tout ça. Je sais pertinemment que c'est encore rien, là-dedans, en moi. Et que ça n'aura pas le temps de devenir quoique ce soit d'ailleurs! Mais j'peux pas m'empêcher de penser à ça, à l'éventualité. Au fait que j'ai un embryon de vie dans le fond du ventre. Putain. Je suis déterminée, et décidée. J'ai eu un moment, un long moment, d'hésitation. Après tout, l'unique ambition de ma vie est d'avoir ma famille. Mais je sais et j'ai définitivement compris que c'était pas possible à présent. Maintenant. On a rien, pour ça. A aucun niveau. Je sais que ça doit se terminer et que ça se terminera ainsi. C'est pour le mieux, pour tous, pour Toi, moi, et ce qu'aurait pu devenir ce truc. Je le sais. Mais je me connais. Et je sais avec autant de certitudes que je vais devoir vivre avec ça toute ma vie, que je penserai toute ma vie à ce petit truc. Je sais que ça va casser quelque chose, dedans. C'est déjà fissuré.

Pas su le dire à mon père à midi. J'ai pas les mots. Y a pas de mots appropriés. Et j'ai mal dans le fond du bide quand je croise des femmes enceintes. J'ai rendez vous vendredi prochain à 8h pour une échographie de datation. J'appréhende, vraiment. J'ai pas envie de le voir, d'entendre quoique ce soit. Je sais pas ce qu'il y a à entendre à ce stade d'ailleurs. Peu importe...


Août


J'ai pas faim depuis mardi. Je mange pourtant mais je pourrais m'en passer. Je mange comme pour prendre soin du truc malgré tout. C'est ridicule, j'ai pas forcément à en prendre soin. Mais je sens quand meme le besoin de le faire, de faire au moins ca bien le temps qu'il faut. Alors je me nourris, je ne prends pas de café le matin, je pense meme plus à me siffler un petit verre de blanc, je m'éloigne des fumeurs plus que d'habitude...

Tu sais, je n'ai pas souhaité cette situation. J'ai beau avoir merdé quelque part, j'ai beau avoir été plutôt inconsciente, j'ai pas voulu me retrouver là, comme ça, à devoir prendre cette décision. Tu as tes raisons de me tenir responsable et de m'en vouloir, et je les partage d'ailleurs. J'espère que tu as compris ce qu'il y avait à comprendre hier. J'espère qu'on ne se divisera plus, qu'on formera définitivement cette unité et cette base solide dont j'ai besoin pour traverser tout ça du mieux possible. Je tiens bon et j'avance comme ça parce que t'es là. T'es mon gilet de sauvetage, tu maintiens ma tête hors de l'eau. Tu l'as toujours été. Alors ne t'éloigne plus, pas maintenant... Je T'Aime.

A l'instar de ces parents qui veulent que leur enfant suive la carriere qu'ils n'ont pas pu avoir, elle voudrait sqns doute que j'ai le bébé qu'elle n'a pas pu garder à l'époque... C'est perturbant. La question est réglée pour moi maintenant, bel et bien réglée, définitive, irrévocable. Ca a été plutot complexe mais j'en suis bien là, et je me sens plus à l'aise avec ce choix maintenant. C'est pas pour le voir questionné par ma mère...

J'etais plutot détendue finalement. On est passés rapidement, et le médecin a été top. Il m'a d'emblée bien demandé confirmation concernant l'IVG, puis a adapté son comportement. Il a tourné l'écran, pour que je ne l'aie pas sous les yeux, il a coupé le son aussi même si on avait pas l'air d'entendre grand chose dans tous les cas. Il m'a bien expliqué, m'a prévenue qu'il appuyerait sans doute un peu fort, m'a demandé si je savais bien quoi faire pour la suite. Je pouvais sans doute pas tomber mieux! Ca a été un grand soulagement. Finalement, les gens sur qui tu tombes conditionnent vachement ton état d'esprit et ta manière de prendre les choses!

J'ai l'impression d'etre à coté de ma vie, complètement déconnectée de mon corps. Comme si je ressentais plus rien, ou uniquement les effets physiques de la chose. Je suppose que c'est bien mieux ainsi, et je crois que j'aime autant. Ce n'est d'ailleurs peut-etre qu'une prise de conscience et/ou de recul sur ma propre situation?

T'entendre rire avec elle, presque quotidiennement. Rire comme tu ne ris presque plus avec moi. Tu te rends pas compte. Comme chacun de tes rires, à chaque fois, me sert le coeur...

C'est quand meme une sensation curieuse. Etre en train de vivre ce qui changera, une énième fois, ma manière de raconter ma vie. J'aimerais pouvoir en faire déjà des résumés. Enfin... J'aurais surtout aimé ne jamais avoir à écrire ces résumés...

Terriblement décue du rendez-vous d'hier. Je n'ai pas aimé ce médecin, je n'ai pas aimé sa croisade pour me faire changer d'avis sur la méthode. Je n'ai pas aimé que tout le monde soit d'accord avec lui, je n'ai pas aimé qu'on ose encore me sortir que "ce sera juste comme de grosses règles". Non, putain de merde. Y a pas de bout de vie quand t'as tes règles bordel. J'ai pas envie d'entendre ca, ca ne me rassure pas, ca ne me soulage pas! En gros j'ai pas tellement eu le choix. Ca ne se passera pas comme je l'aurais souhaité. Il a bien évidemment mis l'accent sur les risques de la méthode chirurgicale en appuyant là où ca fait forcément mal: possibilité d'avoir des difficultés à avoir des enfants un jour... C'est ce seul argument qui m'a fait accepter un peu plus facilement ce changement de plan. Je m'en fous de subir une énième opération, d'être sous anesthésie générale. Vraiment rien à foutre. Mais si on me parle de ma fertilité, c'est plus la meme chose... Même si ce risque existe pour les deux méthodes, c'est visiblement moins fréquent par voie médicamenteuse... Par contre, y a bien le risque que ca ne fonctionne pas, et que je doive finalement en passer par la méthode chirurgicale! Dans 5% des cas. Et ca, ca affole personne par contre. 5 cas sur 100 bordel, je suis la seule à trouver que c'est quand meme énorme?! Ca me saoule putain. Ca me saoule.

Je suis seule. Vous avez beau etre nombreux autour de moi, vous avez beau l'avoir vécu même pour certaines d'entre vous, je suis seule. Une expérience pour tant de ressentis différents. C'est un peu ingrat de dire cela, parce que votre soutien compte bien évidemment. Mais, même si certains avis sont importants, même si savoir précisément d'un point de vue de patiente ce qui m'attend est précieux, dans les faits ca ne change rien. Je ne peux toujours pas anticiper, savoir à quel point je serai soulagée mecredi prochain, ou à quel point j'aurais mal. Personne ne peut le dire. Je suis seule avec moi-même, avec mon corps et cette décision. Mon Amour tu sais bien comme ta présence est déterminante, tu me donnes la force d'aller jusqu'au bout de tout ca sans trop flancher. Mais tu ne seras jamais à ma place, comme je ne serai jamais à la tienne, ni à celle de ma mère inquiète, ni à celle de mon père distant... Et je ne peux le reprocher à personne. Une expérience pour tant de ressentis...

J'ai pas faim, j'ai l'impression que je vais systématiquement tout vomir. Pourtant ça n'est pas encore arrivé une fois. Mêmes les odeurs de bouffe me mettent mal. Aussi, j'ai parfois l'impression de n'être pas légitime ou en tout cas de n'être pas prise au sérieux quand je parle de tout ça. Comme si l'IVG à venir annulait déjà la grossesse et donc ses symptomes...

Vivement le tattoo fin septembre. Ca sonne probablement bête mais j'ai l'impression que ca finira de m'aider à tourner cette page, à me faire me sentir mieux. Je réfléchis à un tout petit symbole à y mettre d'ailleurs, quelques traits de plus. C'est peut être un peu contradictoire mais je veux pas oublier tout ca. Je ne me sentirai pas mieux si on joue au "comme si de rien n'était" dès jeudi. Non. Jnai envie de m'en souvenir malgré tout, j'ai envie qu'on oublie pas cette petite blessure supplémentaire que je porterai, dans tous les cas, à vie.

Ce matin, j'ai avorté. Quelle drôle de phrase... C'est dit. Maintenant que c'est fait, c'est un mot que j'arrive à dire, qui fait moins mal. Sans doute parce que c'etait pas "si terrible". Je crois avoir réussi à me détacher totalement de mon corps. Je ressens rien de particulier, si ce n'est les restes de douleur physique, ce soir.

Seule. Parmi ces gens qui ne savent pas, pour qui ma réalité n'existe pas. Et je n'en veux à personne. Je n'avais aucune envie que ça se sache dans la famille. Mais c'était difficile de tous les voir rire et raconter leurs anecdotes pourries, quand je me sens encore meurtrie. Je ne vis pas mal ma situation, mais c'est une blessure malgré tout. Je ne voudrais certainement pas qu'on passe son temps à m'en parler. Juste qu'on sache se taire ou éviter ce qui est trop fragile pour le moment. "Ca te fait pas envie un bébé?", "Alors c'est pour quand les enfants hein?", "Oh Ève, peut-être bientôt mamie aha!". Aha.


Septembre


C'est bon. Je suis de nouveau juste moi en moi. Ca fait du bien.

Et je vais bien. Pourtant je sais et je sens ce qui s'est cassé à nouveau au fond de moi... C'est de cette manière que j'arrive à résumer ce dernier mois. Il me faudra du temps pour oublier, pardonner complètement certaines de tes maladresses, et surtout pour me réparer. Je ne sais pas si cette brisure est réparable, ou s'il faudra se contenter de la panser doucement.

Déjà que je ne souriais plus beaucoup... Mais qu'est-ce qui nous est arrivé, mon Amour?

J'ai toujours été celle qui partait, qui mettait fin aux choses quand les sentiments n'étaient plus au rendez-vous, ou par lassitude. J'ai pas vécu beaucoup d'histoires, mais ça s'est toujours passé comme ça. Je n'avais jamais été sur la brèche. Je n'avais jamais eu ce sentiment de ne plus rien contrôler, comme si tout m'échappait. Je n'avais jamais eu la sensation d'avoir le coeur déjà piétiné... Je n'ai jamais semblé aussi triste. Je me connais trop et je découvre à peine le sombre visage que je vois chaque matin depuis quelques jours... La tristesse pourtant, je la connais. La douleur aussi. Mais pas celle-ci. Pas comme ça. Et jeudi est encore tellement loin... Et je ne cherche plus les chansons douces pour m'apaiser. J'ai besoin de celles qui me réveillent, quand ça me gueule dans les oreilles, quand les guitares me font presque grincer des dents. J'ai besoin que ça pète, de quelque chose de fort, qui me fasse me sentir vivante en t'attendant. Qui me donne aussi un minimum de force pour rester debout avant de pouvoir te dire tout ce que j'ai à te dire, avant de pouvoir peut-être me retrouver blottie contre toi... "Only know you love him when you let him go..."

Je n'avais jamais autant cru à ce vieil adage un peu niais. "On reconnait le bonheur au bruit qu'il fait quand il s'en va.On ne se rend compte de ce qu'on a que lorsque ça nous échappe. Pourquoi est-ce qu'on est si cons, putain? Pourquoi passe-t-on tellement nos vies à se focaliser sur des détails sans importance, à laisser l'important nous glisser entre les doigts? Je ne vais nulle part, j'attendrai tout ce qu'il faudra. Parce que Tu as été, tu es et tu seras mon Importance. Pardon...

Je te parle toute la journée dans ma tête. Je te raconte tout, et je trouve parfois enfin les mots. Je te dis à quel point je T'Aime, à quel point je regrette tant de choses. Je te raconte comment j'ai envie de te rendre heureux, et comment ça pourrait devenir mon seul but. Je te parle et je m'embrouille toujours au final, car y a trop de choses. Y a trop de choses et je ne sais pas toujours par où commencer. Je me sens orpheline de ton Amour et c'est bien la pire chose que j'ai pu vivre depuis le début de ma vie...

Hier en fin d'après-midi, mon cousin est venu me chercher, avant qu'on pète un boulon chacun de notre côté. Et on est allés se balader dans un cimetière. Je voulais y faire des photos. Je crois finalement que c'était la première fois que j'y mettais les pieds. Je m'attendais à y croiser pas mal de visiteurs, mais non. On était seuls au milieu des tombes. Au détour d'une allée, on est tombés sur une tombe très chargée, littéralement recouverte de... peluches. C'était la tombe d'un enfant. Les peluches étaient figées, durcies, décolorées par un mélange de pluie et de soleil, et par les années. Si j'avais été seule, j'aurais probablement passé ma soirée à pleurer ici.

Redevenir des inconnus, ne plus savoir ce que tu fais de tes journées, penser moins à toi et accepter que tu ne penses plus à moi, n'avoir plus personne à qui dire Je T'Aime et personne pour me le dire non plus. Apprendre un quotidien sans toi, accepter de tirer un trait sur plus de quatre ans et demi de vie, un cinquième de ma vie entière... Me sentir vide et incomplète. Je n'avais pas vu ce jour arriver, je ne pensais pas qu'il se présenterait du tout, d'ailleurs. Renoncer à nos promesses, à nos projets, au futur que je voyais tout tracé à tes côtés. Alors ça y est? Ce jour c'est aujourd'hui? Malgré l'amertume et l'incompréhension, si tu passes encore par ici, je souhaite te remercier. Je remercie la vie de t'avoir mis sur mon chemin. On s'est fait beaucoup de mal mais tu m'as aussi fait tant de bien. Tu as été la personne la plus importante au monde pour moi, tu m'as élevée à une autre dimension de l'Amour, tu m'as aidée à me sentir vivante et à me débarrasser de mes chaines, du moins en partie. Même si je ne te reconnais plus ce soir, je sais que tu as été tout cela et je ne l'oublierais jamais. Le coeur gros et humide, merci.


Octobre


Ca va. Putain, ça va même étrangement "bien". Est-ce que je réalise pas encore? Bien sûr, j'ai pris l'habitude de ne pas l'avoir physiquement près de moi. Mais passer une semaine avec un mail en guise de "nouvelles", c'était bien la première fois. J'ai étonnamment bien géré cela. Faut dire que j'ai eu le temps de penser aux choses (et que je suis bien entourée). Je pense qu'il a eu raison. C'était le moment. Pas le "bon", parce que ça n'existe pas quand on met fin à une relation. Mais je crois au fond que j'étais prête. Je me suis tellement demandé si et comment ça repartirait, après l'IVG... C'est évident que ça a brisé quelque chose. Je ne m'y attendais pas, on ne s'attend jamais à devoir oublier quelqu'un qu'on a aimé pendant un cinquième de sa vie. Mais je n'aurais pas supporté de le détester, d'être détestée par lui. Et c'est probablement vers quoi on se dirigeait en restant ensemble. Je suis tellement reconnaissante, aussi. C'était quelque chose de... J'en sais rien. C'était ce qu'il me fallait. Enfin voilà. Je crois que je suis apaisée. Va falloir que je cherche un nouvel appartement, et le tri de toutes nos affaires sera douloureux, je m'y attends. Le revoir quand il viendra chercher ses affaires aussi. Je ne saurais sans doute pas du tout comment agir, j'aurais sans doute cette envie habituelle et profonde qu'il me prenne dans ses bras... Mais il faudra bien affronter cela, comme le reste.

Plein de photos. De la satisfaction. Je m'occupe, beaucoup. Peut-être trop? Peut-être pour ne pas penser? J'en sais rien et j'ai envie de m'en foutre. Je pense un peu à moi pour moi. J'ai aimé, j'ai adoré penser à moi à travers un Autre pendant ces quatre dernières années. Mais à présent autant faire les choses pleinement. Autant ne pas se poser trop de question. Peut-être.

Mais c'est presque inévitable. Ces courts instants de mélancolie profonde, où je suis t.o.u.t.e s.e.u.l.e, où toi t'aurais pu être là, où j'aurais pu vouloir que tu sois là. Bien sûr, j'ai le ventre noué. Bien sûr que tu manques encore.

"There is this other feeling that doesn't completely feel fair, or right, or good. (...) So I need something to be good. I need something to get up every morning or I'll crawl back into that cave that I was in before I met him. I mean, you know he saved me. You were there, you remember how I was! I was... dark. And this darkness is still in me. He just... lit it up."

Ca fait environ deux heures que je suis devant Baby BoomTout à l'heure, après quelques minutes, il y a eu une jolie image de ce bébé nouveau né. J'ai souri bêtement, me disant qu'un jour je... Et je me suis retrouvée bien conne, seule sur mon canapé à avoir cette idée. Parce que la solitude. Parce qu'il y a moins de deux mois, j'ôtais un embryon de vie du fond de mon ventre. J'ai sangloté comme une enfant blessée.

"Et ton chéri alors... -C'est plus mon chéri Mamie!C'était bizarre... Comme beaucoup, elle commençait à partir du principe que je te hais. Mais c'est tellement pas le cas, putain. Pourquoi on devrait toujours se séparer dans la haine? Je sais que c'est bel et bien ce qui arrive la plupart du temps mais bon. En tant qu'adultes (à peu près) équilibrés, on peut aussi vivre ça (à peu près) sereinement et juste se contenter de comprendre et d'avancer, hein.

J'ai le cœur toujours un peu serré, le sourire toujours un peu brisé. En fait je crois que depuis fin juillet, c'est comme si je vivais la vie d'une autre. Une vie biiiieeeen pourrave, où les coups durs s'enchainent, où y a pas vraiment de répit. C'est quand que j'récupère la mienne? ...

C'est étrange tout de même. D'avoir le cœur vide. Je ne sais plus si je t'aime encore. Déjà, il est évident que les majuscules se sont envolées... Mais je crois que le reste aussi. J'ai toujours le ventre noué quand je t'aperçois dans mes photos, quand je vois ton nom quelque part. Pourtant j'ai bel et bien renoncé, j'avance. Je ne suis pas malheureuse. Je disais que c'était étrange, d'être vidée de sentiment. Mais ce n'était pas négatif. C'est étrange et ça soulage. Étrange et ça déroute. Ca laisse du temps, mine de rien. Parce que l'Amour ça prend du temps, ça prend de l'énergie. Je ne sais pas toujours quoi faire de ce temps-là d'ailleurs. A quoi, à qui le consacrer?

Putain, mais t'en auras jamais fini? C'est impossible, c'que tu fais bordel. Impossible! Si tu pouvais au moins t'en rendre compte nom de dieu!! C'est pas ça une mère! Ca fait pas ça, une mère! T'es pas une mère. T'as arrêté de me protéger, de m'épargner y a sept ans. T'en as plus rien à foutre de ce que j'peux encore prendre dans la gueule à chaque fois. Qu'est-ce que tu crois putain? Que je me suis habituée? Que j'ai plus de coeur? Peut-être en effet que tu l'as trop usé. Mais il est encore là, encore en fonctionnement. J'ai pas arrêté de morfler. J'ai pas arrêté de m'inquiéter. J'ai jamais arrêté. Comment peux-tu dire que je t'abandonne. J'ai jamais lâché. Jamais. J'ai été bien plus présente pour toi que l'inverse, bordel. T'es immonde d'insinuer tes conneries. T'es pas une mère.

 "... Tu sais, tu m'as brisé le cœur.T'as hoché la tête silencieusement, puis j'ai ajouté : "Mais si tu veux aider à le reconstruire, il sera à toi..."

Presque quatre ans après avoir passé ces douloureuses heures à me faire encrer, je découvre toute la profondeur et la puissance des mots que j'ai sous la peau du dos.  J'ai toujours expliqué ce tatouage en arguant que je n'étais pas persuadée de croire en ce concept, mais que si ça existait, les âmes-sœurs, alors effectivement, elles ne meurent jamais. Je crois qu't'es mon âme-sœur. Peut-être que Toi et moi, ça ne s'explique pas autrement. J'en ai cherché des mots, à coup d'évidence, de certitude, et toute la clique. Mais t'es plus que ça encore. T'es plus que tout. T'es mon Âme-Sœur. Et même si j'ai trouvé ça injuste au départ, injuste d'avoir souffert tout ça, c'est comme si tout le mois qui vient de s'écouler n'avait pas existé. Dès que t'as franchi la porte, t'as tout envahi de nouveau. C'est comme si ce mois n'avait été qu'une longue journée un peu dure, pendant laquelle tu aurais été très occupé, pendant laquelle j'aurais juste attendu un signe de ta part. Même si j'avais fini par n'attendre plus rien, t'es jamais parti si loin tu sais. Je suis si complète quand t'es là... Mes affaires sont déjà prêtes. Demain soir je dors dans ton lit. ♥


Novembre


J'ai passé ma journée d'hier à regarder Harry Potter, les 5 premiers volets de la saga. Je me noie là-dedans pour ne pas penser à ton absence. C'est plus dur que jamais, d'être sans Toi. T'avoir retrouvé, comme ça, avec cette intensité me laisse d'autant plus orpheline de Toi quand t'es pas là... C'est comme si le manque que je m'étais refusée de ressentir tout le mois passé me revenait dans le coeur.

La lettre de préavis est partie aujourd'hui. Début Février... ♥

Tu sais quand on me demande comment ça va maintenant, Nous deux, j'ai du mal à l'expliquer, mais j'arrive à le formuler ainsi : c'est comme si on était au début d'une relation qui dure depuis plus de quatre ans et demi. Ca résume tout. La passion, la sagesse, la complicité, la folie, les papillons, nos habitudes. Tout en tendres paradoxes...

En fermant le volet, j'ai ressenti l'extrême fraicheur de l'air. Il m'a semblé que ça sentait presque la neige...

"I called Isaac (...) and then I realized there was no one else to call, which was the saddest thing. The only person I really wanted to talk to about Augustus Waters's death was Augustus Waters. (...) I just kept thinking about calling him, wondering what would happen, if anyone would answer (...) The pleasure of remembering had been taken from me, because there was no longer anyone to remember with. It felt like losing your co-rememberer meant losing the memory itself...Bref, je pourrais citer ce livre tout entier... T'es tellement de choses. Je veux entendre ton rire toute ma vie, t'as compris?

On est tellement beaux ensemble. C'est une telle évidence... Je ne veux plus jamais être sans Toi. Et j'ai peur d'écrire ces mots pour le moment, j'ai peur qu'on soit un peu fragiles encore, même si j'ai de nouveau l'impression d'être la plus forte du monde à tes côtés... Je ne veux plus jamais devoir me convaincre qu'être sans toi, c'est peut-être bien pour moi aussi. Je ne veux plus jamais devoir me convaincre que tu n'as été qu'un somptueux chapitre de ma vie. Je ne veux plus jamais devoir me convaincre que de te savoir avec une autre ne me fait rien, ou que je peux être "bien" dans des bras qui ne sont pas les tiens. Y a personne comme Toi. Et c'est Toi que je veux. Y a pas d'autres peaux comme la tienne. Y a pas d'autres baisers qui ressemblent aux tiens. T'es tellement de choses putain. Je ne veux plus jamais me sentir vulnérable en te disant cela. T'es Tout. Me laisse plus jamais avec rien. J'ai essayé d'me dire que si tu partais encore, je saurais faire, que ça ne serait plus grand chose à surmonter. Inepties. T'es revenu en défonçant les portes que je m'apprêtais à refermer. Je ne veux plus avoir à les fermer de nouveau. Plus jamais.

Les jours sont longs sans Toi. Je me questionne pas mal sur l'attitude à adopter, je m'interroge bien plus qu'avant sur ce que je peux faire par rapport à toi. Je t'ai souvent reproché de me prendre pour acquise mais celle qui faisait cette erreur au final c'était moi. J'ai compris que je pouvais te perdre, que malgré la force de notre lien, l'équilibre reste fragile. Et je sais que je fais encore les choses de travers parfois, mais je crois que c'est la peur qui prend le dessus de temps à autre... J'crois que j'pourrais pas, tu sais. Te perdre encore... J'ai juste tellement hâte qu'une véritable vie d'Amoureux, à deux, au quotidien, s'entame. Pouvoir te montrer, te prouver les choses à chaque instant, au lieu de me perdre dans des pensées idiotes et d'agir tout aussi bêtement pour rien, interprétant mal ce que la distance déforme.

Et y a ce t-shirt blanc parfumé à toi, qui me rappelle tant de choses! Et plus que des souvenirs, ce sont des émotions, presque des sensations. La première fois que tu m'as prise dans tes bras. C'était ton parfum ce jour-là, ce tout premier jour pour Nous, ce jour d'Avril. Alors, mon sourire... Mon sourire comme réflexe physique automatique, presque inévitable. C'est finalement ce que tu es pour moi. Mon Bonheur. Sans que je n'y puisse rien.

J'ai hâte. J'ai tellement hâte! C'est parfois angoissant de penser à quitter cet endroit, cette ville où j'ai toujours vécu. Le peu de monde qu'il me reste "physiquement", est ici. J'ai mes repères, mes habitudes. Mais au fond, j'ai juste envie de partir, j'ai juste envie d'être avec toi, de pouvoir apprivoiser ce nouveau départ, d'en profiter. De pouvoir m'éveiller chaque matin dans le même lit que toi. De découvrir cette ville qui me semble moins laide et effrayante que ce que je pensais. J'ai hâte. Hâte pour cette vie avec toi. Février.

Quatre ans, dix mois. J'y crois toujours pas, parfois. A tous ces jours, à tout ce qu'on a déjà vécu et partagé. ♥

J'étais chez ma Mamie dans l'aprem. On "fêtait" l'anniversaire d'une de mes tantes. Pour la première fois depuis longtemps, je ne me suis pas sentie intruse, j'étais quelqu'un de plus que "la fille de notre soeur alcoolo". On m'a complimenté, ça te va bien les cheveux comme çaEt c'est dingue comme c'est con, comme ça devrait être un détail. Mais ça m'a fait énormément de bien. D'exister, d'être une personne à part entière. Pas une pièce rapportée. Puis y a des personnes qu'on apprécie sans pour autant qu'elles soient des éléments importants dans notre vie, qui viennent prendre des nouvelles, et qui se réjouissent profondément, sincèrement du nouveau départ qu'On prend. Ca fait sourire le coeur.

Mais Toi. Qu'est-ce que je T'Aime.


Décembre


J'ai commencé à "nettoyer" un peu l'année 2014 pour la regrouper dans les Balbutiements avec les autres. J'ai pas pu continuer après fin juillet... L'autre jour déjà, je me suis surprise à relire un peu le mois d'août et c'était pas une brillante idée. C'est comme ça, c'est la vie, ma vie. Et je regrette strictement rien. Mais c'est juste parfois difficile encore. Je passe une nuit sur deux à rêver (cauchemarder?) de ma silhouette au ventre rond, d'hôpitaux, d'accouchements... Ca me suit, c'est normal. J'ai ce sourire un peu cassé en voyant des femmes enceintes ou de tout jeunes nourrissons. C'est comme ça... Vivement demain soir et Tes bras. Il parait qu'il va neiger cette nuit.

Je crois que je n'aime plus tellement cet appartement. Surement parce que tu n'y as jamais vraiment et longtemps vécu avec moi. Surement parce que te voir ici me semble trop naturel et me retrouver sans toi me fait trop de mal. Février n'est plus si loin, deux mois et on y sera mon Amour. On sera loin, on sera ensemble. Ensemble. Loin de tout ce qui peut encore éclabousser parfois, de mes erreurs... Loin de chaque souvenir sombre. Ensemble pour le meilleur, pour se souvenir de toutes les raisons qui nous réunissent. Pour continuer, construire, Vivre. T'es tellement Tout.

Hâte d'être à ce soir, que Tu sois là, que vous soyez tous là. Puis demain... Hâte. L'année touche donc à sa fin. Quand j'y pense, je n'arrive même pas à la trouver aussi merdique qu'elle l'a été. Parce qu'elle se finit bien. Pourtant, il est évident qu'elle a été l'une de mes plus dures années jusqu'à présent... J'espère que 2015 sera meilleure.

Je sais pas quoi dire. Ma vie est extraordinaire. Vous êtes extraordinaires. T'es extraordinaire. Putain. Je T'Aime tellement. 

Puis est venu minuit, le gâteau, les cadeaux. Quels cadeaux encore une fois, putain de merde. Je suis trop gâtée, j'ai des amis et une famille tellement formidable! Puis le meilleur pour la fin, fatalement... Il m'emmène à Disney du 22 au 24 Janvier prochain... J'ai l'impression d'écrire un rêve quand j'écris ça. Ca doit sembler tellement stupide pour beaucoup! Vous pouvez pas imaginer. Disney merde! Bon je suppose que ça se conçoit pour une nana qui s'habille en licorne pour ses 23 ans mais bon. Ca doit faire dix ans que j'en rêve et que je vis cette frustration super intensément. Sérieux. Alors j'ai pleuré comme une pucelle. C'était ridicule, j'ai complètement craqué mon slip (qui était un string si mes souvenirs sont bons), impossible de contrôler la chose. J'ai rarement été si heureuse.

Comme je le disais et comme je l'avais "prédit" dans ma mise à jour précédente, ces quelques jours ont fini d'effacer complètement les souvenirs difficiles de cette année. Je suis bien incapable d'émettre une critique négative sur 2014 maintenant. C'est mon petit côté optimiste, 'coutez.

Je ne supporte plus ma mère. Elle est devenue tout ce que je peux détester chez quelqu'un, c'est plutôt impressionnant. Et triste... Je suis plus persuadée que jamais qu'elle ne s'en sortira pas. Qu'elle ne vivra pas vieille et qu'elle mourra d'ailleurs de ses conneries. C'est tellement pathétique, putain de merde. Comment peut-on être aussi méprisable? Comment est-ce que la toute première chose à dire à sa fille le jour de Noël peut être la critique acerbe de son look, sans une once de compliment ou de reconnaissance de quoi que ce soit, alors que tout ce qu'elle a évidemment à dire de son fils c'est qu'il est beau? Je sonne surement comme une gamine capricieuse qui fait des fixettes stupides sur des prétendues différences de traitement... Ca fait des années que j'ai arrêté de jalouser mon frère, même si j'ai pensé et pense toujours que rien n'est jamais égal dans son comportement vis à vis de chacun de nous... Mais ce n'est pas normal. Rien n'est normal avec elle. Et je n'arrive pas à oublier tout ce que j'ai fait pour elle, moi, le temps et les soirées sacrifiés pour elle, alors que mon frère n'a jamais été là, ne s'est jamais soucié ni mêlé de rien... Ce degré zéro de reconnaissance, d'appréciation et de conscience des choses me donne le tournis. Tout en elle, dans sa manière d'être me répugne. Sa manière de parler, son regard sur moi. Je ne supporte plus rien d'elle. J'avais pas envie d'écrire ça, d'avoir à le penser. Surtout aujourd'hui, c'est Noël. Mais elle gâche tout ce qui pourrait être si beau et si pur. Enfin, elle ne l'a pas gâchée parce que ma journée est loin d'être entachée par sa merde. Mais disons qu'elle donne un goût bien amer aux choses qu'on partage. J'ai plus envie. Plus envie de contacts avec elle, plus envie d'en vouloir à qui que ce soit, plus envie d'attendre quoi que ce soit, d'espérer malgré tout. Je vais la laisser finir son année tranquille, parce que contrairement à elle qui ne m'épargne plus rien depuis longtemps, je me préoccupe encore suffisamment d'elle pour la "préserver" quelques jours de plus. Mais je vais très vite lui faire savoir que si 2015 n'est pas l'année d'une guérison définitive, elle peut m'oublier. J'ai plus de force à mettre dans ce combat que je mène à sa place. J'ai plus envie de me battre pour quelqu'un qui n'en vaut pas la peine, qui ne mérite ni mes efforts ni ma considération. Je suis quelqu'un de bien trop extraordinaire pour elle. C'est terminé.

Tout va si bien. Je me surprends parfois à me demander ce qui va bientôt me tomber sur la gueule, comme si ce bonheur était un leurre... C'est presque difficile à accepter parfois, que tout va juste bien. Tout va juste terriblement bien. ♥