Janvier

J'ai très bien fini l'année. Je baigne depuis quelques semaines dans une espèce de plénitude satisfaisante. C'est toujours comme ça, Décembre. Entre mon anniversaire, Noël, la fin d'année, puis Notre anniversaire en Janvier... Ce sont mes deux mois favoris. Et dans moins de 20 jours, ça fera 7 ans. Sept années, tu te rends compte ?

 

 

Février

La vie coule, et je n'ai toujours pas grand chose à dire. Bientôt, un nouveau tattoo. Bientôt, de nouveau Disneyland. Bientôt, un concert épique. Je travaille en ce moment, je m'occupe des photos produits pour la nouvelle boîte de Monsieur. C'est un peu long et fastidieux mais je m'amuse bien. Ce weekend, Narbonne en Amoureux. La semaine prochaine, Sainté. Ca va bien.

J'ai passé de très très bons moments à Saint-Etienne. C'était très bien jusqu'à dimanche et jusqu'au dernier repas avec ma mère, évidemment. Ca m'a beaucoup atteinte, sans que je puisse comprendre pourquoi.

 

 

Mars

Je m'suis faite tatouer hier. C'était très, très cool. On a pris notre temps (presque 1h pour la pause du stencil, histoire de dire coucou à la perfection), on a parlé tout le long. On avait beaucoup de choses à partager. C'était un très bon moment. Le temps est passé très vite, j'ai eu peu mal. Et le résultat, évidemment, est complètement fou. Les détails sont incroyables, je reste des minutes entières à contempler ce tattoo, à m'extasier devant la finesse et la précision des traits... Bref, je suis extatique.

Demain, on part pour Marne la Vallée. J'ai mal dormi toute la semaine, l'impatience me défonce le cerveau. J'ai tellement hâte. Le weekend suivant, mon papa sera là, et le suivant, j'ai mon concert foufou. ♥

 

 

Avril

C'est un peu le chaos depuis une semaine. Mercredi dernier, à 2h du matin, réveil en sursaut, Il se sent mal. Pompiers, urgences. Rien de grave mais beaucoup d'angoisse. On s'est fait deux nuits blanches dans la semaine, c'est un peu dur d'en revenir. J'accumule beaucoup de fatigue, physique et morale. Mais je m'autorise pas vraiment à y penser. J'ai juste envie de l'aider, de suffire, même si je sais que je ne peux pas le soutenir seule, de mes deux bras. Difficile d'être impuissante.

 

 

Juin

Tant de choses en deux mois. On a déménagé dans un ancien moulin à huile, dans un petit village à 20-30 minutes d'Aix. Ca fait trois semaines. Son état a oscillé, très bas, un peu plus haut. Le quotidien est dur. Je perds le peu de patience que je peux avoir. La fatigue ne s'en va pas, je dors très mal. Je suis pleine de questions inédites, je ne sais pas quoi faire de moi, plus quoi faire pour lui. Inutile, transparente. Tellement de colère et de frustrations. Je ne sais même plus rendre les choses compréhensibles, je ne sais plus écrire.

 

 

Juillet

Le pire est derrière nous depuis quelques temps. Le quotidien reprend un cours plus doux, il va mieux, donc moi aussi, donc nous aussi. J'attaque un nouveau boulot lundi, d'abord en intérim puis potentiellement en CDI ensuite. J'espère que ça marchera. Je m'occupe enfin de ma santé, de mon dos. La vie nous plait beaucoup ici, à la campagne. On parle de se rapprocher d'Aix si nos différents projets de travail se concrétisent. J'en ai même pas envie, c'est un nouveau souffle ici qui me correspond trop. Je ne suis finalement pas une fille de la ville. J'aime trop nos rues désertes d'ici, les collines à 200m, les cigales qui nous accompagnent du matin au soir, les petits commerces qui manquent de trop de choses mais qui nous apportent l'essentiel. On verra. Pour l'instant, plus beaucoup de questionnements. Les journées passent dans une relative sérénité qui nous porte juste comme il faut. On rit de nouveau, beaucoup, et c'est doux.

 

 

Septembre

Ca fait cinq jours qu'il m'a quittée. La vie est insupportable, tout s'est écroulé en une phrase, en un mot. Tous les projets, tout l'avenir que je m'imagine depuis 7 ans et demi. Toutes les certitudes. Mon corps entier est en souffrance. C'est un deuil. Je fais le deuil de nous. Je ne sais pas comment exister seule. Je sais ce que je vaux en tant qu'individu, je sais que la vie a du sens même si elle n'est pas partagée. Mais mon identité, c'est nous, depuis sept années. Je suis devenue adulte et femme à ses côtés, à travers lui et son regard. Je ne sais pas comment l'être sans lui. J'ai l'impression d'être orpheline, une enfant qui doit tout réapprendre. Tout me fait mal. Chaque interaction, chaque minute passée avec lui, chaque minute passée sans lui, chaque souvenir, chaque chanson. Tout est une douleur et un poids qui m'écrase. Bientôt je quitterai la région, il quittera mon quotidien. Je ne sais pas comment clore cette mise à jour que je ne pensais pas devoir faire un jour. J'avais oublié cet endroit jusqu'à ce que la peine revienne, plus forte que tout. Je suis une boule de colère et de tristesse insondable. J'ai jamais aimé le mois de septembre.

 

 

Novembre

Tant de choses, en un mois. Tant de sentiments, d'émotions, de cartons, de kilomètres, de nouveauté, de douleur, de liberté... Il serait impossible d'essayer d'écrire aujourd'hui le cheminement de pensée qui m'a menée à la sérénité assez incroyable dans laquelle je vis à présent. Je suis passée par trop de choses, trop de constats. Les conclusions finales sont positives. Et même si tout n'est pas toujours évident, même si je me sens un peu creuse, un peu vide, je sais que chaque demain sera plus joli et plus doux. Alors ça va.

Déjà un mois que j'ai quitté le sud et retrouvé ma ville natale. J'ai l'impression que ça fait des années. Je vais bien. Certaines soirées en solo sont un peu compliquées. Je crois qu'elles l'ont toujours été. Je ne passe pas mon temps à penser à lui ou nous. C'est terminé ça, ça n'a pas duré. La vingtaine de jours qu'on a passée à vivre ensemble tout en étant séparés, avant que je parte, a incroyablement accéléré le processus de deuil. Cette proximité alors que tout était différent. C'était insupportable mais ça m'a mise face à la situation, je n'ai pu que comprendre, intégrer, assimiler ce qu'il m'arrivait. Alors j'ai avancé vite. Bref, certaines soirées sont longues. Mais le reste va bien. Je vais bien. Je prends mon temps, je ne presse rien, je profite des rencontres nouvelles et des amis retrouvés. Je prends le temps de savoir qui je suis, ce que je veux, où je vais. Je suis bien loin d'avoir toutes les réponses. Mais j'avance, c'est certain. Le souvenir de notre vie est étrange. Ca me semble aussi loin qu'une toute autre vie. C'est parfois assez doux, semblable presque à un joli songe dont on se réveille serein. C'est parfois moins évident, semblable à un rêve qu'on quitte avec amertume. Tous les souvenirs d'une vie fonctionnent ainsi, j'imagine. Parfois on les chérit, parfois moins. Parfois ils font mal, parfois du bien. Mais globalement, je ne suis pas mécontente de ma vie aujourd'hui. De ma situation. Je ne serais jamais partie de moi-même parce que l'amour, parce que les projets, la sécurité, l'habitude. Pourtant je m'épanouis seule aujourd'hui. Je m'épanouis vraiment, et j'ai tant de retours en ce sens. Des amies qui me trouvent "rayonnante", légère, et que sais-je. Je crois que je le suis oui. Je suis libre. Même si je ne l'ai pas voulu. Je suis libre et ça me réussit.

 

 

Décembre

Dans deux jours, j'aurai 26 ans. Et je n'en suis nulle part. Je n'ai rien. C'est un constat qui fait mal, qui n'aide pas à traverser ce mois de Décembre que j'aime pourtant tellement, d'ordinaire. On a eu beaucoup de neige. Le moral n'est pas en berne, mais il n'est pas au beau fixe. Les journées sont lourdes. C'est au tour de mon père d'être quitté et de souffrir plus qu'il le "faudrait". Ses émotions me replongent dans les miennes, vécues il y a trop peu de temps. Même si j'ai tourné la page tout à fait définitivement, notre lien me manque. C'est ce qu'on avait, plus que ce qu'il était, qui me manque beaucoup. Être si importante pour quelqu'un. Avoir quelqu'un de si important dans ma vie. J'ai besoin de ça. La solitude me pèse et m'effraie. Je tourne un peu en rond. Les rencontres s'enchaînent et même si ça fait du bien, ça ne mène jamais nulle part. Je n'avance pas vraiment. Je suis bien avec moi-même, mieux que jamais dans mon corps notamment. J'ai la tête sur les épaules, la tête haute. Mais je n'avance pas vraiment. J'espère que l'année prochaine me sera plus douce...

J'essaye de faire des projets, de m'imaginer ailleurs, près d'eux, puis peut-être avec... lui ? Les jours à venir me le diront. Lui ou un(e) autre. La porte est ouverte. Tout est une question de rencontre. Je ne sais pas à quoi je suis prête exactement avec quelqu'un. Certaines personnes te donnent des envies pour une nuit. D'autres... D'autres intriguent. J'ai envie de reconstruire quelque chose, d'établir de nouveau ce lien unique et précieux qui me ferait m'endormir en souriant. J'ai envie de m'endormir dans un lit plus grand et moins vide. Cette année a été si étrange... L'une des pires, si ce n'est LA pire. Et pourtant, impossible de faire autrement que d'en retirer du positif. Tout s'est effondré, tout a été fracassé. Mais putain j'ai fait face, et putain plutôt dignement. J'ai tout traversé, comme j'ai pu, et je suis là. Avec mes envies, mes projets, ma liberté.